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Yohann L.

Rétro-critique #6 : Prey (2006)

Dernière mise à jour : 28 mai 2021

Les jeux de tir en vue subjective ne font pas toujours la part belle à des univers particulièrement originaux. Même si on rencontre de plus en plus de FPS souhaitant proposer un univers particulier, la plupart privilégient des conflits armés historiques, sans véritablement mettre en place une ambiance peu commune.


Pour autant, certains jeux du genre nous ont donné l'occasion de découvrir des univers se détachant des thématiques habituelles liées le plus souvent à la Seconde Guerre Mondiale et à la Guerre du Vietnam.


Et Prey, du moins dans sa version de 2006, fait partie de ces FPS ayant souhaité offrir une expérience différente aux férus de jeux de tirs à la première personne, en nous proposant d'incarner un Indien dans l'espace, captif dans un vaisseau extra-terrestre et en proie à des aliens pas très amicaux. Va-t-il marquer les esprits ou tombera-t-il dans l'oubli ? Rendez-vous avec des extra-terrestres peu commodes pour le savoir ! Dernier bar avant la fin du monde ?


Le début du jeu prend place dans le bar d'une réserve indienne tenue par Jen, la petite copine du protagoniste principal, Tommy. Ce dernier se plaint de mener une vie monotone et rêve d'aller découvrir de nouvelles choses, sortir de cette réserve dans laquelle il étouffe. Mais ce n'est pas l'avis de Jen, sa compagne, et d'Enisi, son grand-père, qui sont très attachés aux traditions et ne souhaitent pas changer leurs habitudes.


Tout laisse présager une soirée banale, malgré une altercation avec deux malotrus corrigés à grands coups de clé anglaise. Mais soudain, des lumières venant du ciel emportent tout sur leur passage, que ce soit le mobilier du bar et même les personnes qui s'y trouvaient, Tommy inclus. Tout semble indiquer qu'une invasion extra-terrestre est en train de se produire, vu le vaisseau menaçant aperçu dans le ciel.

Par la suite, Tommy s’éveille dans un vaisseau sombre, glauque et attaché comme un vulgaire bout de viande. Mais il parvient à échapper à un sort qui semblait funeste et se lance à la recherche de Jen et d'Enisi.


Le commencement du récit intervient de manière brutale, sans prévenir et sans spécialement connaître auparavant le background, ce qui vous laissera certainement dans le flou au moment de commencer cette aventure.

Et cette impression de flou, vous allez la garder jusqu'à la fin du jeu, où les clés de l'intrigue et ses enjeux vous seront enfin révélés.


Mais avant ça, on se contente juste de progresser dans les différentes parties du vaisseau extra-terrestre, tout en évitant de se faire massacrer par des aliens belliqueux, sans en savoir davantage sur leurs motivations, leur but, etc... ce qui pourra en frustrer certains.

Tout ce que l'on sait avant ça, c'est que Tommy tient à s'échapper de ce vaisseau morbide avec Jen et Enisi.

Autre point noir, la toute fin du jeu qui vous indique clairement qu'elle ne signe pas un épilogue aux aventures de Tommy. On a donc une fin relativement ouverte d'autant plus frustrante que la suite du jeu ne verra probablement jamais le jour. Bien que prévu, un second opus a été annulé récemment, ce qui réduit les chances de retourner dans l'univers de Prey, ou du moins dans sa version de 2006.



Une soirée qui s'annonçait tranquille pour Tommy et ses proches



Ambiance spatiale et spéciale


Graphiquement, il est évident que le jeu a vieilli. Peu étonnant quand on sait que ce dernier est sorti il y a presque 15 ans. Mais si on remet les choses dans leur contexte, force est de constater que le moteur graphique de Doom 3 est franchement efficace. Pour l'époque, les personnages restent détaillés, tout comme les monstres que l'on peut rencontrer. Les décors sont également bien réalisés, le rendu technique est propre, assez peu de défauts visuels sont à signaler. On a donc affaire à du solide !


Concernant l'ambiance, on a affaire à quelque chose de particulier. Entre classicisme et originalité, le design des décors s'avère intéressant, avec un savant mélange entre décors

« métalliques », « spatiaux » et d'autres plus « organiques », avec même quelques décors de canyons assez agréables. De plus, le design des monstres s'avère glauque à souhait, et surtout celui des armes, puisqu'on a pas affaire à des armes génériques mais à de vraies formes organiques.

Pour autant, une fois la surprise de cette ambiance particulière passée, on peine à trouver une véritable variété dans les décors. Cela fait partie évidemment de l'ambiance glauque souhaitée par le jeu, mais on a le plus souvent affaire aux mêmes jeux de lumières, palettes de couleurs et nuances, même si quelques décors se détachent du reste. Rien de bien grave, mais la lassitude peut gagner le joueur à force de voir le même genre de décors.

Côté bande-son, même si on retrouve le compositeur d'Oblivion et de Skyrim aux commandes (Jeremy Soule, accompagné par son frère Julian), le bonhomme marque moins les esprits dans Prey. Si le thème du menu principal et celui des chargements mettent bien dans l'ambiance avec leur petit côté épique, les autres s'avèrent génériques, d'autant plus que le jeu ne met pas les compositions du musicien en valeur, ou alors à de trop rares fois durant quelques moments forts.

Les bruitages s'avèrent cohérents dans l'ensemble, sans réelle fausse note malgré quelques bizarreries pour les attaques d'un certain type d'ennemis. Pour les doublages, on a le droit à de la VO sous-titrée en français satisfaisante, sans qu'elle marque véritablement les esprits.


En bref, la bande-son fait bien son travail d'immersion du joueur, sans qu'elle soit mémorable.



Le vaisseau voit rouge !

Esprit, es-tu là ?


A priori, la maniabilité de Prey ne se différencie pas vraiment des autres titres du genre. Outre le fait qu'elle ne pose pas de problème particulier, hormis pour la conduite des quelques véhicules du jeu, où elle est vraiment peu précise et assez mal fichue, on se trouve dans les mêmes dispositions que d'autres FPS consoles. Les habitués du genre ne seront pas perdus grâce à une disposition des touches et des mécaniques qui changent assez peu de l'ordinaire du genre.


A ceci près que d'abord, il y a pas besoin de recharger dans Prey. Vous pouvez tirer à loisir jusqu'à la pénurie de munitions. Mais ce qui fait vraiment l'un des intérêts du gameplay réside dans la possibilité de séparer l'esprit de Tommy de son enveloppe charnelle, ce qui a plusieurs utilités, allant de la résolution d'énigmes à la découverte de passages secrets révélant le plus souvent des munitions. En revanche, même si vous êtes équipés d'un arc dans votre forme spirituelle, sa puissance laisse à désirer. Amusez-vous plutôt avec le reste du panel varié d'armes que propose le jeu : de la clef anglaise du tout début du jeu jusqu'à ce qui s'apparente à un lance-roquette avec bouclier en guise de tir secondaire, en passant par une arme à munitions variables ou à des sortes d'araignées faisant office de grenades, il y a de quoi faire !


Surtout que l'utilisation de votre arc va vider la jauge bleue à côté de votre jauge de vie,. Et si vous épuisez cette jauge, vous ne pourrez plus utiliser votre forme spectrale, ce qui peut s'avérer embêtant pour résoudre certaines énigmes. Encore que, les ennemis sont assez généreux quand il s'agit de droper des bonus permettant de remplir cette jauge bleue. L'acquisition de votre forme spectrale va de pair avec l'arrivée de Talon, l'esprit du faucon de Tommy décédé durant son enfance, qui va vous permettre selon son bon vouloir de distraire les ennemis ou alors de vous indiquer les interrupteurs, ou encore des objets dont vous pouvez vous servir, sans toutefois vous mâcher le travail !


L'autre intérêt de Prey réside dans son level design, en effet celui-ci peut conduire à des situations intéressantes, où vos perspectives seront chamboulées. Dans Prey, le joueur se retrouve tantôt la tête en haut, en bas lors des progressions sur des murs à gravité. De même, vous allez également être amenés à changer l'orientation d'une pièce pour pouvoir progresser, si bien qu'on se retrouve à progresser dans des pièces mettant à mal notre façon de voir les choses. Ajoutez à cela des portails à franchir à l'instar du jeu Portal (un an avant la sortie de ce dernier, tout de même!), et vous obtenez une progression qui change radicalement de ce qu'on a pu voir dans le genre, d'où une expérience qui reste réellement intéressante de ce point de vue.


Le jeu propose également un mode multijoueur sur lequel il est difficile de s'attarder. Parce que vu la date de sortie du jeu, il est compliqué de trouver d'autres larrons pour se fragger la tronche.



Encore un alien qui aurait mieux fait de passer son chemin !


Une épopée spatiale assez vite pliée


Le level design particulier du jeu sera pour vous l'occasion de résoudre un bon nombre de puzzles qui pourront parfois vous donner du fil à retordre, déjà rien que pour comprendre ce qu'il faut faire ou à cause d'un détail que l'on avait pas vu auparavant.

Rien de bien compliqué cela dit, si on reste attentif pour éviter de se retrouver bloqué inutilement pendant des minutes (ou alors des heures si vraiment votre cerveau est ramolli!).

Le jeu s'avère peu difficile à finir, surtout si vous jouez au mode de difficulté le plus simple. Si vous choisissez le mode de jeu normal, il vous faudra bien une dizaine d'heures pour en venir à bout, ce qui est tout juste correct pour un FPS. A quoi cela est-il dû ? Hormis le fait que les ennemis sont pas insurmontables et que leur intelligence artificielle reste dans la moyenne (même si certains font des mouvements d'esquive assez retors), tout comme les rares boss du jeu, il faut aussi noter que Tommy ne meurt jamais réellement dès le moment où vous pouvez séparer l'esprit du corps de ce bel amérindien.


Car par la suite, dès que vous mourrez, il n'y a plus d'écran de game over. A la place, vous avez un mini-jeu s'apparentant à du tir au pigeon où vous devez tirer sur des esprits rouges qui vont vous faire gagner de la santé, et bleus qui vont remplir la jauge bleue vous permettant d'utiliser votre forme spectrale. Et une fois ce mini-jeu terminé, vous apparaissez pile à l'endroit où vous êtes mort. La mort est donc loin d'être punitive, et c'est même le contraire car elle permet même de vous faire gagner plus de santé qu'avant votre trépas !

Et c'est pas l'apparition de rochers ou autres obstacles au sein de ce mini-jeu, au fur et à mesure que vous approchez de la fin du jeu, qui va changer quelque chose, même si le changement de décor peut perturber les premières fois.


De ce fait, finir Prey, même dans son mode « Cherokee » (le niveau de jeu le plus dur parmi les trois proposé), ne relève pas de l'exploit. Le seul aspect qui rehausse un peu la difficulté est le fait que l'on se retrouve assez vite en panne de munitions. Et en dehors du fait que cela s'avère problématique pour zigouiller vos opposants, ça peut aussi vous poser problème pour résoudre certains puzzles où l'utilisation de certaines armes est indispensable.

En définitive, ce n'est pas tant pour sa difficulté que pour son expérience particulière que l'on se souviendra de Prey !



Un arc spectral fort utile pour votre progression


Conclusion


Prey est une sorte d'ovni vidéoludique (sans mauvais jeux de mots !) dans un genre qui reprend assez souvent les mêmes thématiques, surtout à son époque.

Avec son ambiance glauque particulière et son game-design perturbant par endroits, ce jeu reste une expérience qui mérite d'être jouée. Même si les amateurs de difficulté risquent d'être déçus par le peu d'opposition proposé par le soft et la courte durée de vie du titre, il n'en reste pas moins un jeu divertissant et intriguant.




Etes-vous Prey pour le voyage ?

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