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Yohann L.

Critique #1 : Hades

Dernière mise à jour : 19 mai 2022

Tout individu suivant de façon attentive le monde du jeu vidéo indépendant a forcément entendu parler de Supergiant Games. Et il faut reconnaître que le studio s'est fait remarquer de fort belle manière avec Bastion, leur premier jeu sorti en 2011, accueilli de façon positive par la critique. Cette fracassante entrée en matière s'est ensuite confirmée avec Transistor et Pyre, pour un succès commercial malheureusement relatif. 9 ans après leurs débuts dans l'industrie vidéoludique, Supergiant Games s'attaque avec Hadès au genre du rogue-like (ou plutôt rogue-lite, mais on y reviendra), dont les représentants se sont démultipliés ces dernières années.

Les Californiens se placeront-ils au panthéon du rogue-like ou plutôt dans les profondeurs infernales du dieu de la mort ?

Un seul moyen de le savoir : ce soir, nous allons dîner en Enfer !


Avez-vous votre Hadestation de sortie ?


Vous incarnez Zagreus, demi-dieu et accessoirement fils d'Hadès, le dieu grec de la mort lui-même. Pour des raisons qui nous seront révélées plus tard dans le jeu, Zagreus n'a qu'une seule chose en tête : s'échapper des Enfers. Bien évidemment, son paternel ne l'entend pas de cette oreille : une fois dans les Enfers, impossible d'en sortir. Surtout pas quand on est fils du seigneur de ce domaine. Mais qu'importe, Zagreus est bien décidé à aller au bout de son objectif. Cela tombe bien, puisque des alliés de choix l'aideront dans son ambitieuse quête, à commencer par les dieux de l'Olympe.


Quelques minutes se sont écoulées à peine et on constate d'emblée qu’Hades ne fait pas comme tout le monde en matière de jeu de type rogue. Contrairement à beaucoup de jeux du même genre, le titre de Supergiant Games est loin d'être avare en termes de développement de son histoire et de son univers. Et cela commence avec Zagreus lui-même, qui n'est pas une coquille vide dénuée de personnalité contrairement à bon nombre de personnages principaux de rogue-like / rogue-lite. Le jeu ne se contente pas en effet de donner au joueur un objectif avec quelques éléments sporadiques de background pour contextualiser le tout. On a affaire ici à une véritable histoire, avec une bien belle galerie de personnages très bien écrits, chacun ayant leurs personnalités, leurs émotions et même pour certains leurs histoires qui sont dévoilées. Même la voix off sera l'objet de dialogues avec Zagreus ! Et cela donne un jeu sacrément verbeux pour son genre, tout occasion étant bonne pour discuter avec les personnages du jeu. On apprécie ainsi énormément l'effort du studio californien pour donner une véritable consistance à l'univers du jeu, surtout quand le tout est bien écrit et que le doublage ne souffre pratiquement d'aucune fausse tant les doubleurs semblent investis dans leur rôle et donnent une cohérence à leur personnage.



Zagreus se vantant auprès de son père qu'il a bien saccagé les Enfers


Et impossible de ne pas parler de la direction artistique et des graphismes qui viennent parachever ce formidable travail de construction d'un univers immersif et cohérent. Les traits des personnages tout comme les décors sont absolument sublimes, mais toujours en restant dans ce style si particulier et onirique qui a fait la réputation de Supergiant Games. On ressent clairement leur empreinte sur cet aspect du jeu, mais sans non plus faire un simple copier-coller, et cela est très plaisant de voir un studio de développement affirmer autant son style sur ses créations.



Finalement, c'est plutôt joli l'Enfer


Cette empreinte si chère aux californiens se ressent aussi dans l'OST, composée comme pour les jeux précédents par Darren Korb, assisté ici par Austin Wintory (notamment réputé pour son travail sur le jeu Journey). Très réussie et collant parfaitement avec le jeu, le studio se paie même le luxe de faire un sound design adaptatif, c'est-à-dire que les pistes diffusées en jeu vont varier en intensité selon les menaces auxquelles vous devrez faire face. Et que les fans d'Ashley Barrett se rassurent, elle est de retour sur ce jeu et vient comme à l'accoutumée contribuer à tout ce travail musical avec sa somptueuse voix. Une fois de plus, on ne peut que s'incliner devant l'excellent travail artistique accompli par le studio.


To Hell and back


Comme mentionné en introduction, Hades est un jeu de type rogue-lite. En gros, cela signifie que l'on va devoir parvenir à la fin du jeu sans mourir, sous peine de devoir tout recommencer depuis le début. Sauf qu'à la différence d'un rogue-like, le rogue-lite laisse au joueur la possibilité de maximiser ses chances de réussite en lui laissant notamment la possibilité de conserver les ressources qu'il a ramassé durant son parcours pour déverrouiller des upgrades permanentes. La mort n'est ici qu'une façon de revenir plus fort.


En termes de gameplay, Hades se présente comme un jeu d'action de type hack'n slash en vue 3D isométrique, à l'instar d'un Diablo mais en bien plus pêchu. Il serait en vérité plus juste de dire que le jeu se rapproche finalement de Bastion, mais en bien plus abouti. Même si on a « seulement » un bouton d'attaque normale, un d'attaque forte, un pour lancer un projectile, un pour "dasher" et le dernier pour lancer une attaque ultime, cela reste suffisant pour procurer au joueur un véritable plaisir à décimer ses ennemis. Contrôler Zagreus se fait aisément, et manier les mouvements de ses armes se fait naturellement. On peut quand même nuancer ce point avec l'auto-lock qui vient ajouter de la rigidité sur certaines armes à distance, puisque cette option va parfois entraîner des confusions entre la cible que vous souhaitiez viser et celle qui sera finalement visée par le jeu. On pourra également reprocher un certain manque de visibilité sur certains combats, causé par la multiplication d'effets visuels et de projectiles lancés par les ennemis, au point de parfois ressembler aux orgies visuelles proposées par certains shoot'em-ups, même si on en est quand même très loin.



Un petit aperçu de la surenchère visuelle parfois rencontrée dans le jeu


Les armes, parlons-en justement. Vous n'aurez qu'au début que l'épée de de Zagreus, mais vous allez assez vite débloquer d'autres instruments de mort pour vous frayer un passage vers la sortie des Enfers. On en a sur ce point pour tous les goûts. Vous préférez le corps-à-corps ? Jetez-vous sur les poings ou l'épée ! Le combat à distance est votre tasse de thé ? Adoptez l'arc ou le fusil ! Il y a donc plusieurs façons d'aborder les runs dans Hades rien qu'avec le choix des armes. Cependant, certaines vont vite devenir vos choix de prédilection, tant l'efficacité de ces armes peut varier en fonction de votre style de jeu. Et de manière plus objective, on sent tout de même qu'il est plus aisé de réussir avec certaines armes que d'autres, si bien qu'on peut y voir un léger problème d’équilibrage. A voir si les développeurs jugent utile de revenir sur ce point ou non. Même avec ça, le jeu saura de toute façon bien vite vous mettre dans la difficulté !


« Olympus, I accept this message »


Réussir à sortir des Enfers sera loin d'être une tâche évidente pour Zagreus. Il lui faudra pour cela traverser quatre grandes zones, toutes subdivisées en plusieurs salles avec leurs récompenses, mais aussi leurs ennemis et autres dangers. Et comme un grande partie des jeux de type rogue, la génération procédurale des niveaux fait que le trajet emprunté sera différent à chaque tentative d'évasion des Enfers.


Heureusement, le prince des Enfers pourra compter sur la collecte de plusieurs upgrades et ressources pour améliorer ses compétences, que ce soit durant la run ou pour les suivantes. Mais l'une des plus notables reste les bénédictions des dieux de l'Olympe, qui ont eu vent du projet d'évasion de Zagreus. Chaque dieu a évidemment sa personnalité et ses attributs, et cela se ressent sur les bénédictions qu'ils peuvent vous donner. Par exemple, la déesse chasseresse Artémis vous permettra de booster vos probabilités de coups critiques, alors que Zeus vous attribuera des pouvoirs liés aux éclairs qu'il peut projeter sur les simples mortels. Et le plus intéressant est qu'il est possible de cumuler ces bénédictions qui peuvent provenir de dieux différents. Même si quelques philosophies de jeu peuvent revenir assez souvent entre les runs selon vos préférences, la possibilité de mixer entre ces upgrades olympiennes donne un éventail de possibilités de gameplay assez vertigineux qui donnera lieu à une grande variété dans la façon de jouer vos différentes runs.



On se demande bien quel dieu nous a octroyé cette bénédiction !


Et cette variété est d'autant plus appréciable que le jeu vous demandera pas mal de persévérance pour en arriver au bout. S'il vous faudra certainement une vingtaine voire une quinzaine d'heures pour réussir à sortir des Enfers, il ne s'agit ici que de la fin supposée du jeu puisqu'il est possible de renouveler l'expérience avec des options venant contraindre vos runs mais qui donneront des récompenses appréciables pour vous améliorer, voire même un mode infernal qui corse significativement la difficulté du jeu. En gros, quand il y en a plus, et bien il y en a encore ! Et il est possible que les développeurs planchent sur du contenu supplémentaire pour prolonger l'expérience. Du moins on le souhaite, puisque cela ajouterait une cerise sur un gâteau déjà fort bien délicieux dont on a bien du mal à refuser une part supplémentaire !


Conclusion


Imposer sa place dans le genre des rogue-like / rogue-lite n'était pas une chose aisée. Non seulement Supergiant Games a réussi à y parvenir, mais se paie également le luxe de se hisser parmi les incontournables du genre. Beau, complet, dynamique, accrocheur, immersif, les superlatifs viennent à manquer pour vanter toutes les qualités de Hades, tant le jeu réussit une grande partie de ce qu'il entreprend. Définitivement l'un des meilleurs jeux de 2020, et assurément le meilleur de son genre pour cette même année !


L'avis des bro-névoles de Growing Game


Léo : "Quand on dit rogue-like, on pense souvent en premier temps à un jeu très répétitif où le joueur va devoir mourir un grand nombre de fois pour avancer dans le jeu. Et bien, je mentirais si ce n'était pas le cas dans Hades, mais la multitude de gameplay et son nombre infini de possibilités permet au joueur de rendre ses parties uniques à chaque essai. Le tout saupoudré d'un bon zeste de drama familiaux déiques, donne un rendu avec une direction artistique magnifique, une bande son magnifique où on ne se lasse pas d'écouter Orphée et sa lyre dans la cour de la maison d'Hades. De plus, Zagreus, fils d'Hades, le héros que nous incarnons est à la fois un personnage pouvant être prétentieux, insolent, mais aussi très attachant et humain pour le fils du Dieu des enfers. Pour résumer, Hades est certainement, à mon humble avis, le meilleur rogue-like de l'année, voire même le meilleur tout court ! "



On parie que ce trailer devrait définitivement vous convaincre de jouer à Hades !









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