Mélanger combat au tour par tour et jeu de cartes ? Déjà fait avec Baten Kaitos et Slay The Spire, entre autres. Mélanger combat au tour par tour, jeu de cartes et tower-defense ? Voilà quelque chose de bien moins commun ! Cette proposition est bien celle de Shiny Shoe, les développeurs de Monster Train, rogue-lite sorti en mai de cette année 2020.
Cocktail réussi ou mélange vomitif ?
Compostez votre billet, et grimpez dans le train du test !
Un froid de canard
Même si comme dans beaucoup de rogue-lite, l'histoire de Monster Train n'est pas que pour donner un contexte et un univers au jeu, on peut rapidement l'évoquer ici.
Dans la guerre qui oppose l'Enfer et le Paradis, le second clan a fini par l'emporter, gelant ainsi tout le domaine infernal. Cependant, un fragment du Brasier de l'Enfer est miraculeusement resté intact. Et c'est ainsi que les champions de l'Enfer vont embarquer à bord du Hurleflammes, fidèle TGV des démons et autres monstres du Pandémonium, pour amener ce fragment à bon port et ainsi raviver la flamme de leur foyer. Mais il faudra pour cela affronter les Anges et autres guerriers du Paradis, qui ne vous laisseront pas voyager tranquillement...
Voilà ce qui pose l'histoire de Monster Train. Rien de bien révolutionnaire, mais rien de mauvais non plus. Juste une mise en contexte efficace, et cela suffit en réalité. En revanche, n'attendez pas plus de détails sur le développement de l'univers du jeu, si ce n'est pas interprétation des lignes de dialogues des personnages.
Un train qui compte bien réchauffer l'ambiance !
Comment ça, c'est pas un jeu IOS ?
Tout aussi peu révolutionnaire est le travail graphique réalisé sur le jeu.
D'un point de vue technique, pas de défauts rédhibitoires, mais on notera que les animations se contentent du minimum syndical pour un jeu en 2D.
Mais c'est surtout au niveau de la direction artistique que ça pêche. Que ce soit au niveau du design des décors ou des personnages aussi bien démoniaques qu'angéliques, rien n'est vraiment très inspiré chez Monster Train. De là à dire que c'est moche, il s'agit d'un pas que certains franchiront peut-être, mais qu'on ne franchira pas ici. En revanche, on n'hésitera pas à dire que le rendu visuel fait franchement penser à ce que l'on peut trouver sur des jeux sur téléphone, et donc à quelque chose de très convenu et pas vraiment marquant.
Pour le travail sonore, c'est plus partagé. Le sound design oscille entre le convenable et le raté, surtout en ce qui concerne les onomatopées des démons et ennemis. Mention spéciale au boss Fel qui hérite des cris de guerre et râles d'agonies franchement ridicules, voire même gênants.
Pour ce qui est de la musique, le compositeur Jordan Chin réalise un travail satisfaisant qui permet d'assurer une bonne immersion dans l'univers de Monster Train. On a même quelques fulgurances pour certains thèmes de boss. Dommage que le reste du sound design ne rende pas spécialement honneur à cette bande-originale.
Une impression de free-to-play sur mobile
Un jeu à (la) carte
Passons enfin à ce qui fait le sel du jeu (et suscitera le sel chez les joueurs).
Comme expliqué plus haut, Monster Train est un rogue-lite mélangant tower-defense et jeu de carte d'inspirés d'autres Magic ou Heartstone, avec une composante deckbuilding où vous pourrez construire et étoffer votre deck de cartes au fur et à mesure de votre partie.
Au début du jeu, vous aurez à choisir deux clans parmi les cinq proposés (qu'il faudra toutefois débloquer après quelques parties), sachant que l'un constituera votre clan principal et l'autre votre clan secondaire. A noter toutefois que ces deux clans ne pourront pas être identiques : si vous choisissez un des cinq clans comme clan principal, le clan secondaire ne pourra être choisi que parmi les quatre restants.
Plusieurs intérêts à effectuer un tel choix : en fonction de votre combinaison, vous n'aurez pas accès aux mêmes cartes. En outre, vous bénéficierez d'un champion unique avec votre clan principal. Et depuis une récente mise à jour, vous pourrez même choisir entre deux champions pour votre clan principal.
Voilà de quoi varier les plaisirs !
Ce choix effectué, il vous faudra traverser les Enfers gelés pour arriver au huitième cercle et ainsi raviver les flammes infernales. A chaque étage (sauf pour le premier), vous aurez le choix entre deux embranchements qui vous proposeront entre autres des améliorations ou événements aléatoires.
Une fois l'embranchement choisi, ce sera l'heure du combat. Vous devrez défendre votre train, qui est divisé en quatre étages, et surtout le Brasier, se situant au quatrième et dernier étage.
Pour le protéger, vous pourrez disposer vos unités (dont votre champion) sur trois des quatre étages, mais également lancer des sorts avec des effets variés.
Il faudra cependant composer avec plusieurs choses :
Jeu de cartes oblige, vous avez une quantité de « mana » limitée pour disposer vos unités et lancer vos sorts ;
Chacun des trois étages sont également limités en places disponibles, sachant que les unités ne prennent pas toutes le même nombre d'emplacements sur un étage ;
Vous ne pouvez pas placer d'unités au dernier étage, mais le Brasier peut attaquer les unités ennemies et ainsi se défendre seul contre les vagues ennemies ;
Les unités comme les ennemis se placent en file indienne, et par conséquent celle qui est située devant sera la première à prendre des dégâts (sauf exceptions) ;
Ce sont vos ennemis qui attaquent en premier (sauf exceptions).
A gauche ou à droite ?
Chaque combat se décompose en plusieurs vagues, à l'issue desquels vous devrez affronter un mini-boss ou un boss.
Les vagues de combat se déroulent au tour par tour. Ainsi, contrairement à d'autres towers-defense, vous n'avez pas à placer vos unités et vos sorts en pleine action. A chaque nouvelle vague, l'action se stoppe, et vous avez la possibilité de placer vos unités et lancer vos sorts avant de procéder au combat.
Si les ennemis survivent à un affrontement sur un étage du train, ils montent à l'étage suivant, jusqu'à arriver au dernier étage s'ils ne sont pas éliminés avant.
Deux issues possibles aux combats : soit vous réussissez à battre le mini-boss ou le boss du niveau et vous pourrez avancer dans les Enfers, soit votre Brasier est détruit et ce sera retour au menu principal.
Si vous remportez le combat, vous serez récompensés en or et en nouvelles cartes. A noter que vous avez également la possibilité avant le combat de choisir un bonus qui sera appliqué aux unités ennemies (par exemple, les ennemis auront plus de points de vie). Si cela rendra le combat plus difficile, vous aurez une récompense supplémentaire à l'issue de l'affrontement.
Si on peut repérer quelques archétypes, chaque combinaison de clans offrent un nombre conséquent de possibilités et de diverses façon de jouer. Et au sein même d'une combinaison, on peut jouer d'une façon différente à chaque partie. On y trouvera forcément son compte et pourra expérimenter diverses combinaisons de clans. Si vous ajoutez à cela des artefacts qui pourront modifient certains aspects de votre jeu, on se retrouve avec encore plus de perspectives supplémentaires dans votre façon d'appréhender le jeu.
Si le gameplay peut être un peu déstabilisant sur les premières parties, on se rend rapidement compte de sa richesse et de sa profondeur. Chaque partie demandera au joueur de bien réfléchir aux choix qu'il va effectuer et à s'adapter à diverses situations, sous peine d'être vite dépassé et puni par le jeu. Et c'est là où se rend compte que si elle pouvait interroger au départ, la combinaison entre tower-defense et jeu de cartes est finalement gérée à merveille dans Monster Train et procure un plaisir immense.
Et ce plaisir se renouvelle d'autant plus que le jeu s'est ouvert au modding, laissant ainsi la communauté des joueurs faire parler leur créativité pour réinventer le jeu !
Ca promet une sacrée joute !
Infernale addiction
Il y a de grandes chances pour que votre première partie se solde par un échec, le temps de vous familiariser avec le jeu.
Mais puisque nous sommes dans un rogue-lite, l'échec fait partie intégrante de l'expérience de jeu.
A l'issue de chaque partie, même si elle se solde par un échec, vous gagnez de l'expérience pour les clans avec lesquels vous avez joué. A chaque montée de niveau avec un clan, vous débloquez des cartes supplémentaires qui pourront s'avérer utile pour vos prochaines parties.
Dans le cas où votre run se solde par une victoire, vous avez la possibilité de jouer avec un rang de difficulté plus élevé. Chaque rang propose sa condition supplémentaire pour votre partie (par exemple, plus de vagues ennemies durant les combats). Sachant que vous avez 25 rangs en tout à surmonter, ça vous donne un jeu avec une sacrée durée de vie.
Vu les sessions sont relativement courtes (comptez entre 20 et 40 minutes), on y revient se confronter régulièrement aux troupes angéliques pour libérer les Enfers.
Et vous voulez changer un peu du mode solo classique, il existe, comme dans bon nombre de rogue-lite, des défis quotidiens où vous aurez certaines conditions imposées pour tenter de finir votre run. Le jeu vous propose même d'affronter des défis créés par la communauté ou encore de créer vous-même vos défis.
Et si vraiment vous pensez avoir fait le tour du solo, le jeu propose également un mode multijoueur où vous affrontez d'autres joueurs dans un contre-la-montre où il s'agira d'aller le plus loin possible dans les Enfers pour espérer gagner votre partie. Pas de mode joueur contre joueur en revanche, ce qui aurait été un bon plus !
Mais avec le contenu déjà présent (et qui sera certainement étoffé au fil des jours), il y a de quoi rendre certains accros à Monster Train !
Conclusion
S'il a moins fait parler de lui que d'autres jeux indépendants cette année, Monster Train s'avère être un savant mélange entre jeu de cartes au tour par tour et tower-defense. Nous avons ici une alternative réussie et sérieuse à Slay The Spire, à tel point qu'il serait dommage de s'arrêter à une direction artistique pas tout à fait inspirée pour se priver d'une expérience de jeu profonde et addictive.
Un petit trailer pour vous donner envie de monter à bord ?
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