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Yohann L.

Most Valuable Video Game Personalities (MVVGP's) #1 : Ralph Baer

Comme dans bien d’autres domaines, le jeu vidéo connaît ses figures de proue, ses personnalités qui ont marqué l'industrie vidéoludique de leur empreinte de façon durable.

Tantôt adulés, tantôt critiqués, ces hommes et ces femmes partagent comme point commun d’avoir changé la face du jeu vidéo, voire même d’avoir été des pionniers. C’est ce qui en fait des Most Valuable Video Game Personalities (traduisez par “Les personnalités les plus importantes du jeu vidéo”), ou MVVGP’s.

Cette série d’articles voit donc le jour pour leur rendre hommage, mais aussi pour les faire connaître parmi le plus grand nombre.


Et quel meilleur MVVGP pour commencer cette série que celui que l’on surnomme le père du jeu vidéo, le Germano-Américain Ralph Baer ?



Welcome to the Jungle, we've got fun and games !


Qui est Ralph Baer ?


Notre MVVGP du jour naît le 8 mars 1922 à Pirmasens en Allemagne. Originaire d’une famille juive, Rudolf Heinrich Baer est contraint de quitter l’Allemagne pour les Etats-Unis en 1938.

Fraîchement arrivé outre-Atlantique, il commence par travailler en usine avant de s’inscrire au National Radio Institute pour y suivre des cours par correspondance dans le domaine de l’électronique. Il y décroche en 1940 un diplôme de technicien de maintenance en radiophonie. Travaillant ensuite dans une boutique de réparation de radio à New-York, le déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale provoque son enrôlement dans l’armée américaine pour assurer du renseignement militaire dans le quartier général londonien de l’US Army. Après la guerre, il retourne à Etats-Unis en 1946 et profite du GI Bill (loi américaine permettant aux soldats démobilisés d’obtenir notamment un financement de leurs études) pour obtenir un Bachelor of Science à l’American Television Institute of Technology basée à Chicago.



Le GI Bill a sauvé le soldat Baer !


A ce moment de sa vie, rien ne semble lier Ralph Baer au jeu vidéo. Ce n’est qu’en 1951, alors qu’il est employé chez le fabricant de téléviseurs Loral Electronics, qu’il eut l’idée d’intégrer des jeux électroniques au nouveau modèle de téléviseur qu’il est chargé de concevoir. Cette proposition est cependant rejetée par son employeur, ce dernier la jugeant trop confuse et farfelue, et ce alors que les téléviseurs se démocratisent et captent un large public.


La suite de sa carrière ne lui donne pourtant pas l’occasion de concrétiser cette idée. La fabrication de radars chez Transitron Inc ainsi que la création de sa propre société semblent le détourner de cette idée folle qu’il a eu quelques années plus tôt.


Ce n’est que quinze ans plus tard que cette idée émerge à nouveau du cerveau de Baer. L’idée lui serait revenue en 1966, en attendant un collègue près d’un arrêt de bus, après avoir griffonné quelques notes sur son carnet.

Dorénavant ingénieur en chef du département “equipement design” de Sanders Associates (société d’électronique militaire), il dessine les plans du prototype d’un appareil pour jouer à des jeux électroniques, avec l’aide de ses collègues Bob Solomon et Bob Tremblay.


La TV Unit 1, première console de l’histoire, naît ainsi la même année, proposant un jeu de poursuite mis en scène avec des points. La démonstration de la console à Herbert Campman, directeur de la recherche et du développement est un succès et ce dernier accepte de financer le projet.


Un nouvel appareil nommé TV Game Unit 2 apparaît. Il intègre un pistolet optique ainsi qu’un levier pour jouer à un total de sept jeux, parmi lesquels apparaît le premier jeu de tir.

Herbert Campman est séduit et accepte que le projet soit présenté à la direction de Sanders Associates. Cette dernière décide de soutenir le projet de Baer.


Un nouveau pas est franchi avec l’arrivée de Bill Rusch et Bill Harrisson, autres ingénieurs de Sanders Associates, dans l’équipe de Baer en 1967. Ce renfort permet d’améliorer le précédent TV Game Unit 3 en un TV Game Unit 4 qui incorpore un élément contrôlé par la machine. Ce procédé permet ainsi d’intégrer un jeu de Ping-Pong, dont le mouvement de la balle serait géré par la console.


Mais Baer a pour ambition de commercialiser sa console. Bien conscient que Sanders Associates ne pouvait vendre cette console car destinée au militaire, et qui est d’ailleurs touché par une récession entraînant une baisse de budget pour son projet, Ralph Baer présente le fruit de son travail à la société TelePrompter Corporation, le plus grand acteur de la télévision par câble à l’époque. L’idée est de commercialiser le TV Game Unit 4 qui est capable de diffuser ses jeux sur une chaîne de télévision. Mais cela ne se concrétisera pas pour des raisons économiques.



"Vais-je enfin pouvoir vendre cette fichue console ?"


Le développement reprend toutefois son cours à Sanders Associates en 1968, mais sans Bill Rusch qui n’aurait pas supporté le refus de Baer d’intégrer certaines améliorations.

Après avoir travaillé sur d’autres versions de la TV Game Unit, Baer et Bill Harrison mettent au point la Brown Box, qui propose douze jeux différents via des cartes de programmation en carton à placer sur la façade de la console.


Malgré des retours enthousiastes des entreprises de télévisions avec lesquelles Sanders souhaite s’associer pour commercialiser la Brown Box, aucune ne franchit le pas.

C’est finalement en 1971 que Magnavox se lance dans l’aventure, non sans opérer quelques changements sur la console. L’un des plus notables est le remplacement des cartes de programmation par des cartouches, jugées bien plus pérennes que des cartes pouvant être facilement abîmées ou perdues.

La Magnavox Odyssey est finalement commercialisée en avril 1972. 350 000 exemplaires de cette console se seront écoulés, avant que d’autres modèles la remplace en 1974.



Une Odyssey qui n'a rien à envier à celle d'Ulysse !


Malgré ses accomplissements, il ne reçoit pas immédiatement la reconnaissance qu’il mérite. Il a œuvré en ce sens en donnant différentes interviews, en faisant dons de notes et de prototypes dans des musées et en publiant le livre Videogames: In the beginning en 2005 (sorti en 2012 en France sous le nom de Ralph Baer : Mémoires du père des jeux vidéo). Ces efforts finiront par payer, puisqu’il reçoit la médaille nationale de la technologie et de l’innovation en 2006 sous la présidence de Georges W Bush, est récompensé par un Pioneer Award en 2008 aux Game Developpers Choice Awards et est intronisé au National Inventors Hall of Fame en 2010.

Il décède le 6 décembre 2014 dans son domicile de Manchester (la ville du New Hampshire, pas celle en Angleterre !), non sans avoir laissé un immense héritage au jeu vidéo.


Pourquoi c’est un MVVGP ?


La réponse à cette question paraît évidente : sans Ralph Baer, on peut affirmer que le jeu vidéo n’aurait jamais existé, ou alors sous une forme très différente de celle que l’on connaît aujourd’hui. Et quand on voit l’importance actuelle et grandissante du marché du jeu vidéo, c’est loin d’être un accomplissement anodin.


On ne pourra jamais lui retirer le fait d’avoir contribué à la mise au point de la première console de salon de l’histoire et des premiers jeux en multijoueur local. Il est un véritable visionnaire qui a cru jusqu’au bout en son projet et a su braver les contraintes techniques de l’époque pour le mener à son terme.


Pour l’ensemble de son œuvre, les fans de jeux vidéos lui doivent un immense merci !




Un homme qui mérite assurément une médaille !


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