Le beat’em all est manifestement l’un des genres phares des années 80 et 90. Un bon nombre de jeux, dont certains sous licence (Batman, Tortues Ninja, et bien d’autres), ont proposé au joueur d’aller tabasser des vagues d’ennemis dans des endroits divers et variés, mais majoritairement urbains.
Si la décennie 80’s a posé les bases du genre avec notamment Double Dragon ou River City Ransom, les 90’s vont profiter des avancées technologiques du jeu vidéo pour perfectionner le genre.
C’est dans ce contexte que naît l’une des sagas les plus cultes du beat’em all sur la concurrente de la Super Nintendo : Streets of Rage.
Retour sur cette saga culte dont l’évocation devrait logiquement raviver des souvenirs émus pour les fans de la Megadrive !
Fiche Technique
Nom : Streets of Rage (Bare Knucles au Japon)
Année de sortie du premier opus : 1991
Editeur(s) : Sega, Dotemu
Développeurs(s) : Sega AM7, Dotemu, Lizardcube, Guard Crush Games
Supports : Megadrive, Game Gear, Mega-CD, Mega Play / Arcade, Dreamcast, Wii, IPhone, Playstation 3, Xbox 360, PC, Xbox One, Playstation 4, Switch
Type : Beat’em all
Titres : 4
Statut : Toujours actif
1 - Streets of Rage
Avant Streets of Rage, la Megadrive n’était pas complètement dépourvue de beat’em all. Altered Beast en 1988 ou Golden Axe en 1989 s’étaient déjà imposées comme de solides références du genre (surtout pour le deuxième).
Mais le succès de Final Fight sur la console de Nintendo semble avoir donné des idées à Sega, qui décide en 1991 de sortir son propre beat’em all sur fond de décors urbains. Streets of Rage réussit cependant à se démarquer notamment grâce à sa musique aux influences techno, composée par Yuzo Koshiro, qui n’avait jusqu’ici pas de véritable équivalent dans le domaine vidéoludique ; mais aussi par ses deux fins différentes qui sont proposées au joueur.
Quant à l’histoire, rien de bien révolutionnaire : un syndicat du crime prend le contrôle de la ville et les forces de l’ordre ne peuvent rien faire de peur de représailles. Toutefois, Axel Stone, Blaze Fielding et Adam Hunter, trois jeunes officiers de police vaillants et courageux, s’avancent pour lutter contre le syndicat.
Vous avez donc la possibilité de contrôler Axel, Blaze ou Adam, chacun d’eux ayant des caractéristiques qui leur sont propres. Par exemple, Axel et Adam seront plus puissants que Blaze, mais moins vifs.
Chaque personnage possède une touche d’attaque qu’il faudra presser plusieurs fois pour effectuer un combo, un coup en l’air ainsi que de faire des prises sur les ennemis en s’approchant près d’eux et de les balancer loin de vous après leur avoir asséné quelques coups au contact.
Il est enfin possible de faire appel aux forces de l’ordre pour qu’elles nettoient la zone à grands coups de lance-roquettes (!).
Le jeu se déroule sur 8 niveaux plutôt variés, avec un boss à affronter à la fin de chacun d’eux (sauf pour le niveau 7). Si atteindre le dernier niveau n’est pas forcément insurmontable, garder un nombre suffisant de vies pour venir à bout du boss final n’est pas une mince affaire.
Le jeu fait clairement partie de ce qu’il se fait de mieux graphiquement à l’époque, avec des décors et personnages bien détaillés.
Comme pour beaucoup de beat’em all, il est possible de jouer en coopération avec un deuxième joueur, ce qui sera également le cas dans les opus suivants.
Attention toutefois, votre allié(e) ne sera pas immunisé(e) contre vos coups et vos chopes !
Le jeu connaît un succès critique retentissant, la presse de l’époque saluant ses graphismes soignés et sa bonne musique.
2 - Streets of Rage 2
La bonne réception du premier opus motive Sega à sortir un deuxième opus de sa nouvelle franchise de beat’em all en 1992.
Le pitch de cette suite n’est guère plus inspiré que le premier jeu : nos héros ont réussi à vaincre M. X, le chef du syndicat criminel qui semait la terreur sur la ville. Ils mènent une existence paisible, jusqu’à ce que Eddie “Skate” Hunter, le frère d’Adam, apprend que ce dernier a été kidnappé par M.X, qui semble vouloir en découdre à nouveau. Il en fallait pas plus pour motiver Axel et Blaze pour reprendre du service, accompagnés cette fois par Skate et Max, un ami d’Axel spécialisé dans le catch.
Sauf qu’en dehors de l’histoire, les améliorations apportées sont tout de suite décelables.
Nos combattants se voient ainsi dotés de coups en course, mais aussi et surtout de deux coups spéciaux (un offensif et un autre défensif par personnage), fonctionnant sur un principe de “risque - récompense”.
Pour être plus précis, il s’agit de coups redoutables mais qui consomment une partie de votre barre de vie. Mieux vaut ainsi en user avec parcimonie.
L’intervention des forces de l’ordre comme coup spécial laisse ainsi place à des coups spéciaux propres à chaque combattant, ce qui donne encore plus d’importance au choix du personnage.
Les niveaux traversés sont également plus variés, avec des décors allant de la plage jusqu’au parc d’attractions, en passant par la jungle.
Comme pour le précédent opus, 8 niveaux devront être complétés pour finir le jeu, et il ne s’agira pas d’une mince affaire, avec la multitude de nouveaux ennemis et boss ajoutés par rapport au jeu précédent !
Graphiquement, le jeu est encore plus soigné et détaillé que le premier opus, ce qui est idéal pour profiter des animations fort réussies des coups spéciaux de chaque personnage.
Enfin, Yuzo Koshiro est rejoint par Motohiro Kawashima pour composer une OST de folie, ce dernier allant encore plus loin dans l’univers musical "techno" déjà exploré dans le premier opus.
Le jeu est un franc succès critique et commercial, à tel point qu'il est souvent cité comme étant l’un des meilleurs beat’em all de la génération 16 bits.
3 - Streets of Rage 3
Comme dirait le fameux proverbe, jamais deux sans trois, et c’est effectivement ce qu’à fait Sega en signant un troisième jeu Streets of Rage en 1994.
Niveau histoire, on reste dans la veine des jeux précédents avec un scénario simple voire nanardesque : le Syndicat mené par M.X est une nouvelle fois de retour avec l’ambition de mettre la main sur la ville, en remplaçant tous les hommes et femmes de pouvoir par des robots sous le contrôle de M.X.
Petite nouveauté par rapport aux opus précédents : quelques cut-scenes en images fixes accompagnées de quelques dialogues entre les personnages, mais pas vraiment de quoi donner de la profondeur au récit du jeu.
Dans cet opus, nous pouvons incarner Axel, Blaze et Skate. Adam n’est toujours pas revenu dans le roster, et Max cède sa place au Dr Zan. Deux personnages cachés sont toutefois à débloquer (dont un de plus dans la version japonaise du jeu).
On retrouve en grande partie le gameplay des précédents opus, avec toutefois la possibilité de courir, mais aussi d’effectuer des roulades vers le bas ou le haut du niveau en appuyant deux fois sur la touche directionnelle souhaitée, pour vous permettre d’esquiver plus facilement les attaques adverses. Du moins en théorie, car la réactivité de cette roulade laisse parfois à désirer.
Les coups spéciaux sont toujours présents et consomment toujours de la vie à chaque utilisation. La nuance à apporter est qu’il est possible de les utiliser sans perdre de vie quand une jauge bleue se remplit et indique un “OK” au-dessus d’elle.
Notons aussi des coups en course spécifiques à quelques armes (par exemple, une sorte de Shoryuken avec le couteau), et une jauge indiquant la durabilité de l’arme possédé.
Le jeu reste toujours aussi beau que l’opus précédent, et se permet quelques petites prouesses techniques (le soleil qui se couche dans le premier niveau, ou encore les effets de lumières et les projecteurs de la discothèque du deuxième niveau par exemple) mais les décors semblent moins chatoyants que le précédent opus.
7 niveaux sont proposés dans le jeu, mais vous vous arrêterez au niveau 5 si vous choisissez le mode de difficulté “Easy”. Le jeu est un plus plus simple que les opus précédents.
Mais là où le bât blesse réellement, c’est au niveau de l’OST.
Si on retrouve toujours Yuzo Koshiro et Motohiro Kawashima aux commandes, les deux compères ont décidé d’aller encore plus loin dans l’expérimentation musicale entamée dans les deux précédents opus. Sauf que les sonorités sont assez saturées et la puce sonore très “métallique” de la Megadrive font que certaines musiques sont à la limite de l’audible.
La réception critique de l’époque est bonne, saluant notamment le travail effectué sur les sprites du jeu, mais regrettant que le gameplay soit quasiment identique au précédent opus ainsi que l’OST très particulière. Il a également été souligné les différences entre les versions japonaises et PAL du jeu, cette dernière se voyant notamment amputer d’un boss, Ash, au look très “Village People”.
4 - Streets of Rage 4
Alors qu’on pensait que la saga Streets of Rage était définitivement laissée à l’abandon, les français de DotEmu et LizardCube ont surpris leur monde avec un premier trailer d’annonce en 2018 du quatrième opus de Streets or Rage.
Il aura fallu être patients puisque le jeu sort deux ans après ce trailer, le 30 avril 2020.
L’histoire du jeu se déroule 10 ans après les événements du troisième opus. Le Syndicat de M.X a finalement été vaincu, et nos héros peuvent savourer une paix bien méritée. Mais une énième fois, un nouvel empire du crime a émergé, et la rumeur raconte qu’il serait dirigé par les enfants de M.X : les jumeaux Y.
Vous l’aurez remarqué, le scénario n’est pas spécialement plus travaillé que les précédents opus !
Mais ce n’est pas là que se situent les apports les plus notables de ce quatrième épisode.
DotEmu et Lizard Cube, avec le renfort des canadiens de Guard Crush Games, n'ont clairement pas proposé un opus fainéant et se reposant uniquement sur les bases des jeux précédents.
Commençons d’abord par les graphismes qui s’éloignent clairement de l’identité des autres jeux. Bien sûr, ce quatrième opus profite des améliorations techniques du XXIème siècle pour proposer des décors très réussis et des animations superbes. Mais les développeurs ont souhaité proposer une véritable identité visuelle à cet opus, en lui donnant un aspect graphique très inspiré des comics et qui est très agréable à l'œil.
Niveau roster, on a affaire au plus complet des 4 opus, avec 5 personnages jouables de base (et Adam à débloquer au cours du jeu) ainsi que les versions “rétro” des personnages déblocables en accumulant les points au fil des niveaux. Notons que le roster pourra être agrandi avec le DLC “M.X Nightmare”, proposant trois personnages supplémentaires (Estel, Max et Shiva).
Niveau gameplay, la base de Streets of Rage est bien présente, mais elle est largement optimisée et agrémentée d’ajouts fort sympathiques.
Un coup fort vient s’ajouter à la move list déjà présente dans les autres jeux, à savoir les coups “normaux”, les coups spéciaux et les chopes. Un nouveau coup spécial a été ajouté, pouvant être enclenché si le joueur dispose d’étoiles pouvant être ramassées dans les niveaux, et qui s’avère bien plus dévastateur que les deux autres coups spéciaux.
Si comme dans les précédents opus, les coups spéciaux enlèvent de la vie, il est possible de la récupérer en frappant suffisamment d’ennemis sans se faire toucher.
Le jeu se décompose en 12 niveaux, mais qui se traversent avec beaucoup moins de mal que pour les autres opus, avec la possibilité de recommencer le niveau en question et même la possibilité d’activer certaines options pour faciliter la progression (par exemple, une vie en plus). Cela ne veut pas dire qu’il est dénué de tout challenge, car les modes de difficulté les plus extrêmes vous donneront du fil à retordre. Et si vous voulez atteindre la note maximale pour tous les niveaux, il faudra également s’accrocher, même si cela est plus simple en coopération.
Et pour la première fois dans l’histoire de la saga, il est d’ailleurs possible de jouer jusqu’à quatre joueurs !
Cette fois, Yuzo Koshiro et Motohiro Kawashima ne sont plus les seuls aux commandes de l’OST. Même si ces derniers y ont contribué de façon remarquable avec quelques compositions de leur cru, c’est Olivier Derivière qui s’occupe de la majeure partie de la musique. Il est toutefois accompagné d’invités pour les thèmes de boss, et pas des moindres. Citons parmi eux Scattle, Das Mörtal, et même Yoko Shimomura !
Et même éloigné de ce qu’il a l’habitude de faire, le compositeur français s’en sort avec les honneurs. Il semble en effet avoir compris ce qui faisait le sel des musiques des précédents opus, mais tout en lui donnant un souffle nouveau avec d’autres genres musicaux que l’électro (le rock, la funk…). Mieux encore, il intègre les musiques dans le jeu de façon non linéaire, avec une progression au fil de l’exploration des niveaux qui est comparable à ce que pourrait faire un DJ en concert.
La réception du jeu est très positive, avec un score de 84/100 sur Metacritic. On salue notamment son accessibilité, ses graphismes ainsi que sa musique.
Bonus : Streets of Kamurocho
Sega a proposé de façon temporaire de télécharger un jeu Streets of Rage basée sur l’univers d’une autre de ses sagas fétiches : Yakuza.
Il est possible de contrôler 3 des personnages principaux des jeux Yakuza : Kiryu Kazuma, Goro Majima et Ichiban Kasuga.
Le jeu est en réalité un re-skin de Streets of Rage 2, avec des décors et des ennemis et boss faisant directement référence à l’univers de Yakuza.
Par ailleurs, tous les personnages se jouent de la même façon, avec un gameplay directement calqué sur celui d’Axel.
Conclusion
En améliorant les ingrédients de tout bon beat’em all et lui insufflant une identité propre avec son univers graphique et sonore particulier, Sega a su imposer Streets of Rage comme une saga de référence et culte pour de nombreux joueurs des années 90.
Mais alors qu’on pensait la licence morte et enterrée, des développeurs français et canadiens ont su lui donner un nouveau souffle en modernisant la recette qui a fait le succès de Streets of Rage, mais sans toutefois la dénaturer.
Une saga incontournable pour tout fan de beat’em all qui se respecte !
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