Comme bien des sports, le basketball n'a pas échappé à diverses adaptations vidéoludiques à travers les époques. Et si c'est aujourd'hui la franchise des NBA 2K qui est la plus plébiscitée par les amateurs de la balle orange, les adaptations vidéoludiques du basketball ont été assez nombreuses.
Pour cette première partie, retour sur les décennies 70-80 qui vont poser les bases des jeux vidéos de basket.
Les premiers entre-deux vidéoludiques
On associe généralement la première adaptation vidéoludique du basket au jeu "Basketball" de la Magnavox Odyssey en 1973. On dirige ici un carré symbolisant un joueur, dont le but est de mener la balle dans le panier, cette dernière étant symbolisée par un carré plus petit. Le premier joueur à atteindre 24 points gagne le match, ou le premier à avoir deux points d'avance si ce score est franchi sans écart de plus de deux points entre les joueurs.
Les premières joutes basketballistiques du jeu vidéo. Il fallait bien commencer quelque part !
Midway sort en 1974 une borne d'arcade sobrement nommée « Basketball ». Dans un gameplay qui n'est pas sans rappeler celui de Pong, vous contrôlez deux joueurs que vous pouvez diriger de bas en haut de l'écran afin de mettre la balle dans le panier adverse et d'avoir le plus de points que votre adversaire dans un temps imparti.
L'Atari 2600 va accueillir son jeu de basketball en 1978, dont le titre n'est nul autre que …
« Basketball ». Cependant, il n'est plus question de contrôler deux joueurs, mais bien un seul, dans un match à un contre un, où les possibilités de mouvement des joueurs paraissent déjà plus nombreuses. L'objectif reste fidèle au véritable basketball, à savoir marquer le plus de points dans un temps limité.
La Magnavox Odyssey 2 propose un autre jeu la même année, là encore nommé
« Basketball ! » (vous aurez toutefois noté le point d'exclamation qui est venu s'inviter dans le titre). On reprend les bases du gameplay en un contre un du jeu Atari 2600, mais avec des traits séparés d'un espace en guise de panier et un déplacement simplement horizontal des joueurs.
Un an plus tard, c'est Atari qui récidive avec une borne d'arcade « Atari Basketball ». On reprend la formule du jeu sorti sur Atari 2600, mais avec des graphismes améliorés malgré la présence du noir et blanc.
Deux joueurs, deux paniers, et un ballon : voilà la formule d'Atari Basketball
L'Intellivision de Mattel s'invite également à la fête en proposant son jeu de basket en 1980. Retour ici à une formule en deux contre deux, et retour également à des graphismes d'une autre époque.
Chez Mattel et son Intellivision : plus de joueurs sur le terrain, moins d'efforts sur le reste
L'Arcadia 2001, plus connue chez nous sous le nom de Home Arcade, ne fait guère mieux en 1982 avec des mouvements et une physique de la balle encore plus limités que chez ses aînées.
La technologie de l'époque étant ce qu'elle est, les sensations de jeu sont bien éloignées de la réalité. On doit se contenter de graphismes sommaires (voire même de carrés projetés sur un écran!) et d'une physique quasiment inexistante pour retrouver les joies du playground dans son salon. Mais l'essentiel des bases est déjà là.
Dribbles vers le progrès
1983 marque la naissance du premier jeu de basketball mettant en vedette des joueurs NBA, avec One on One: Dr. J (le surnom de Julius Irving, joueur des 76ers de Philadelphie) vs. Larry Bird (joueur des Celtics de Boston) sur Apple II et Commodore 64.
Comme son nom l'indique, il est question ici de contrôler l'un ou l'autre des joueurs dans un match en un contre un, dans un match qui se déroule que sur un seul panier, comme cela est d'usage dans le basketball IRL. Malgré un jeu de couleurs limité, les animations des joueurs paraissent tout de suite bien plus crédibles et moins hachées, même si on atteint pas encore un haut degré de réalisme.
Premier duel de stars
Les progrès techniques vont permettre aux développeurs d'intégrer plus de joueurs et de détails graphiques dans leurs jeux.
Konami frappe un grand coup avec la borne d'arcade Super Basketball en 1984. On a affaire pour la première fois à des matchs en cinq contre cinq, ainsi que des animations plus fluides et des graphismes bien plus colorés.
Commodore lance la même année International Basketball avec des matchs en trois contre trois et la modélisation d'un véritable terrain avec son public. Bien que moins détaillées que sur la borne de Konami, les animations sont suffisamment travaillées pour renforcer la sensation de réalisme du jeu.
Les performances techniques de l'arcade permettent aux jeux de basket de franchir une étape supplémentaire avec Double Dribble en 1986. C'est encore Konami qui est aux commandes, et on peut dire qu'ils n'ont pas chômé. Les graphismes et les animations sont réussis, à tel point qu'on a même le droit à des cinématiques lorsque l'un de nos joueurs claque un dunk. On assiste pour la première fois à l'incorporation de certaines règles phares du basket, notamment celle des 24 secondes de possession lors d'une attaque, ou encore la règle éponyme du Double Dribble (interdiction de dribbler le ballon avec les deux mains). Pour finir sur les petites révolutions, on a aussi un menu d'avant partie sur les meilleurs stats réalisées.
Ca ressemble déjà plus à un vrai match de basket !
En revanche, le jeu s'illustre moins sur la partie sonore, où on sent encore les limitations techniques des années 80. S'il on a une tentative pour retranscrire les sons d'un véritable match, la musique reste relativement absente. On a quand même l'hymne national américain, mais on ne peut pas dire que le jeu lui rend vraiment honneur... Mais Double Dribble reste pour son époque la simulation de basket la plus fidèle à la réalité, ce qui n'est pas rien.
Le jeu va connaître son adaptation sur NES et d'autres consoles de l'époque en 1987, et s'en sort admirablement bien sur la console de Nintendo. Si la technique est moins aboutie que sur la version Arcade et que certaines règles du basket du jeu d'origine ne sont pas intégrées dans cette version, on retrouve l'essentiel de ce que faisait le charme de la borne d'arcade, dont les fameuses cinématiques de dunk. On peut même choisir son équipe ainsi que régler la durée des matchs dans un menu fort sympathique, ce qui n'était pas possible auparavant.
L'année 1986 marque également l'arrive du jeu GBA Championship Basketball: Two-on-Two sur les consoles Commodore et sur MS DOS. Comme son nom l'indique, deux équipes de deux joueurs s'affrontent sur le même panier dans un jeu qui, s'il reste très éloigné techniquement de Double Dribble, s'en tire relativement bien.
L'Intellivision revient dans la course en 1987 avec un Slam Dunk Super Pro Basketball qui fait bien pâle figure face aux autres jeux que l'on vient de citer. C'est simple, on ne sent pas de progrès significatif 7 ans après le premier jeu de basket sorti sur la même console, tant le tout paraît sommaire sur tous les points.
On est toujours à la pointe de la technologie sur l'Intellivision...
Dans Streets Sports Basketball, l'Amiga nous propose en cette même année 1987 de sortir des parquets pour jouer en 3 contre 3 sur un panier accroché au dessus d'un garage d'une maison de quartier. Certainement le premier jeu à proposer des matchs en dehors des parquets.
Great Basketball est le premier jeu à sortir sur une console Sega en 1987. Il est ici question de jouer des matchs en cinq contre cinq entre des pays parmi huit disponibles, où on retrouve bien évidemment les Etats-Unis, la terre de basketball par excellence. Le jeu s'en tire plutôt bien, même si marquer des paniers n'est pas tellement évident : les graphismes sont bons et colorés, l'ambiance musicale est au rendez-vous et la gestion des fautes est présente.
Commodore revient à la charge avec deux jeux la même année en 1987. Dans Basketball Master on fait des matchs en un contre un, mais cette fois sur un terrain entier.
Sam & Ed Basketball est bien moins conventionnel, puisque chaque joueur est remplacé par une espèce de M&M's et le but du jeu est d'envoyer l'autre joueur dans le panier adverse. Un concept pour le moins particulier qu'on ne reverra pas par la suite.
Pourquoi envoyer un ballon dans le panier si on peut directement y mettre le joueur ?
Electronics Arts signe en 1988 le premier de ses nombreux jeux de basketball avec Jordan vs. Bird: One on One sorti notamment sur NES, qui voit le retour des un contre un avec Larry Bird, mais qui affronte cette fois celui qu'on considère comme le meilleur basketteur de tous les temps : Michael Jordan. La même année, c'est une autre star de la NBA qui est à l'affiche sur Arcade dans Magic Johnson's Fast Break, dans des matchs en deux contre deux où le meneur des Lakers n'est même pas jouable. Un comble. Le jeu reste quand même réussi sur Arcade, là où les adaptations consoles souffrent de l'écart technique encore bien présent entre les bornes et les consoles.
On retrouve encore Commodore en 1988 avec Advanced Basketball Simulator, qui est l'un des premiers à proposer un véritable mode d'entraînement pour bosser certaines bases du basket. Mais à part ça, le titre propose une prestation à la hauteur de la Commodore 64,avec quelques petites animations sympathiques comme le panneau qui se brise après certains dunks.
Après avoir accueilli la confrontation entre Jordan et Bird, la NES propose avec Hoops des matchs en un contre un sur un panier dans un playground du quartier avec de parfaits anonymes.
Arch Rivals en 1989 sur Arcade et NES propose des matchs en deux contre deux avec là-encore des anonymes, mais non dénués de talent, dans ce jeu que l'on présente souvent comme le précurseur du fameux NBA Jam. Le ton décalé (quoique bien plus cartoonesque), les joutes en deux contre deux, un rythme de jeu rapide : la comparaison n'est effectivement pas infondée, excepté pour les beignes que l'on peut distribuer à un adversaire un peu trop collant !
Pas beaucoup de public, mais un joli spectacle proposé par Arch Rivals !
Ces décennies 70-80 sont synonymes d'expérimentations, mais aussi de progrès pour les jeux vidéos de basketball. Même si elles sont éloignées de la réalité des parquets, les adaptations de l'époque ont su profiter des possibilités offertes par l'Arcade pour proposer ce qu'il y a d'essentiel quand on parle de jeux de basket : le divertissement.
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