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Yohann L.

Rétro-Critique #1 : Brothers : A Tale of Two Sons

Dernière mise à jour : 18 nov. 2020

Difficile est de décrire la relation qu'entretiennent les frères et sœurs. Parfois teintée de haine, d'autres fois d'amour, elle est susceptible d'évoluer avec le temps. Mais la seule chose qui est certaine dans cette relation est que le frère ou la sœur reste une partie indissociable de notre personne, que ce soit en termes positifs ou négatifs. Décrire cette relation ambigüe, c'est un peu ce qu'à tenté de faire Brothers : A Tale of Two Sons, à l'occasion du Summer of Arcade de 2013. Est-ce une leçon réussie ? Ou alors une tentative bien naïve ? Il est l'heure de se préparer avant d'assister à la grande aventure à laquelle vont prendre part les frères mis en scène dans Brothers....


Une entrée mélancolique


A peine le périple de nos deux héros commencé, nous voyons déjà l'un des jeunes frères se tenir devant une tombe, précisément celle de sa mère dont on apprend qu'elle est décédée des suites d'une noyade, au détour d'un flashback marquant. Mais pas le temps pour lui de rester dans ses pensées, son grand frère vient l'appeler afin qu'il l'aide à transporter son père chez ce qui est probablement le médecin du village (vous comprendrez assez tôt l'utilisation du « probablement »). L'on comprend rapidement que la seule solution pour les deux frères de sauver leur père est de trouver un arbre sacré dans lequel est contenu une substance à même de pouvoir guérir le mal dont est frappé la figure paternelle de nos deux héros. Et ce ne sera pas une quête de tout repos...

L'ambiance générale du titre est d'ores et déjà posée. A peine a-t-on assisté au flashback mélancolique narrant la mort de la mère de nos deux héros, le jeu en rajoute en nous montrant leur père dans un état de santé grave. On sent d'emblée que le jeu est empreint d'une grande tristesse, d'une grande mélancolie, voire même d'une certaine violence physique et morale, qui resteront tout au long du jeu et qui n'auront rien à envier aux pires épisodes de Rémi sans famille... Et même si le scénario (ou du moins ce que l'on peut en comprendre) s'avère d'une relative banalité, vu que les quêtes pour trouver un seul et unique objet ou endroit ne datent pas d'hier, il est le prétexte à des aventures diverses et variées que vont accomplir nos deux frères pour trouver leur Graal.




2020 résumé en une image ?


Une direction artistique sublime


Techniquement, on est loin de la perfection avec les quelques traces de tearing ou même de clipping par endroits, ainsi que des textures parfois moins travaillées. De plus, on peut voir que certains décors n'ont pas été réalisés de manière optimale. Un exemple : à un moment, il nous est possible de voir à travers d'une longue vue et l'on peut voir les feuillages de quelques arbres. Sauf que ces derniers présentent une pixelisation assez accentuée et cassant la bonne impression d'ensemble faite par le jeu. Mais rappelons nous qu'on est en face d'un jeu destiné à des plateformes telles que le Xbox Live Arcade ou le Playstation Network.


Car malgré cela, la réalisation technique s'avère satisfaisante pour nous immerger (un point d'honneur étant à attribuer pour la modélisation de l'eau). Et le travail est par la suite accompli par une réalisation artistique excellente. Les couleurs y sont tantôt chatoyantes avec des paysages de forêts printanières, tantôt sombres avec des scènes de nuit... on a de la variation aux niveau des ambiances rencontrées, ainsi que pour les décors, même si on est le plus souvent face à des paysages forestiers ou montagnards. Le tout s'avère suffisamment réussi pour ne pas tomber dans la monotonie.

Le character design inspiré de ceux que l'on peut retrouver dans des films d'animation est également réussi. On croisera une bonne galerie de personnages durant cette aventure, alternant entre réalisme et fantastique avec des créatures qui auraient pu se retrouver dans le casting d'un récit d'heroic-fantasy comme des géants, des griffons...


Le travail sonore n'est pas en reste non plus. Même si les compositions musicales tournent le plus souvent autour de variations du thème principal, elles restent parfaitement cohérentes avec les situations rencontrées par nos deux héros : on pourra rencontrer des thèmes épiques ou d'autres plus mélancoliques, voire d'autres inspirés d'ambiances horrifiques, mais cette bande-son colle aussi avec l'ambiance générale du titre précédemment évoquée. Mais la principale originalité de la composante sonore du jeu reste au niveau des dialogues. C'est simple, la langue utilisée par les personnages est tout bonnement incompréhensible. Le rédacteur de ce test avoue avoir cru à un problème de langage par défaut qu'il fallait régler, ou bien de sous-titres qu'il fallait activer. Sauf qu'il n'en est rien car c'est un parti pris du soft, et il faut faire avec. Cependant, il faut dire que cela fonctionne plutôt bien car l'immersion dans le jeu n'en est que renforcée. On scrute les différents mimiques et intonations des protagonistes afin d'en comprendre toute la portée, même si cet exercice n'est finalement pas si complexe puisque les différentes situations s'avèrent aisément compréhensibles. C'est avant tout avec ceci que le travail se démarque et propose une ambiance toute particulière.



La montagne, ça vous gagne ? Rien n'est moins sûr !


Un gameplay inhabituel


Particulier est également le gameplay du jeu. C'est là l'une des grandes originalités du titre, ce dernier bousculant les habitudes des joueurs. On contrôle en effet deux personnages à la fois. Comment me direz-vous ? Et bien d'abord en utilisant les deux joysticks de votre manette : l'un contrôlant le grand frère, l'autre le petit frère. Il faudra certainement un temps d'adaptation au joueur afin de se faire à ce gameplay, sans forcément y parvenir totalement. Preuve en est que les quelques moyens de locomotions utilisés, notamment le chariot dans lequel le père des deux héros est transporté par leurs fils au début du jeu, s'avèrent difficiles à diriger tant la coordination avec les deux joysticks est malaisée, même quand il s'agit de diriger les deux protagonistes.

Mais les subtilités du gameplay se retrouvent également dans les actions qui peuvent être réalisées par les deux protagonistes. A l'instar des joysticks, les gâchettes de votre manette sont affectées à l'une et à l'autre des frères, si bien que la pression d'une des gâchettes activera une action du grand frère, et inversement. Le jeu use de ce gameplay original pour la résolution des énigmes, qui vous demanderont de faire coopérer les deux protagonistes de cette aventure pour pouvoir progresser. Faire la courte échelle, aider le petit frère à traverser des étendues d'eau, voilà quelques unes des tâches nécessaires pour pouvoir progresser dans le jeu. La division entre ces deux boutons d'action est également mise en lumière lors des interactions avec les personnages. Selon l'interlocuteur en face de vous, il sera en effet nécessaire d'activer le bouton d'action du petit ou du grand frère pour pouvoir avancer. Mais c'est aussi un moyen d'activer des saynètes facultatives si vous ne prenez pas le bon personnage ou si vous vous adressez à un personnage secondaire dans votre quête.

Vous serez donc à même de diriger les deux frères comme un seul homme afin de mener à bout votre aventure, grâce à ce gameplay fort particulier qui ne manque pas les occasions de se mettre en valeur, et auquel on s'habitue bien si on s'en donne les moyens.



En carriole, Simone !


Deux frères, jusqu'à la fin (vite arrivée)...


Malgré la présence de nombreuses énigmes principales et annexes pour la résolution de succès ou trophées, le jeu possède une durée de vie réellement courte. Entre 3 et 5 heures, c'est normalement le temps qu'il vous faudra pour terminer Brothers. Autant dire qu'y consacrer une de vos après-midi sera suffisamment pour mener à bien la quête des deux frères. Et ce constat n'est pas nuancé par la relative facilité du jeu, puisque les énigmes qui vous seront opposées ne sont pas bien difficiles et ne vous retiendront pas longtemps. Au pire il vous arrivera d'échouer quelques fois avant de comprendre ce qu'il faut faire, mais vous ne serez pas bien bloqués longtemps.


Pourtant, ce défaut reste excusable. La prétention de Brothers n'est pas en effet de vous proposer une difficulté des plus atroces (ce qui aurait pu néanmoins coller avec l'ambiance du jeu) et des combats titanesques, mais bien de vous proposer un conte dans lequel vous serez immergé le temps de ces quelques heures, et peut-être même dans lequel vous vous identifierez si vous avez des frères et sœurs à vos côtés. Dans ce cas, le récit vous confrontera à des situations qui vous ne seront pas forcément étrangères en les resituant dans un contexte plus proche de nous. Et il a également le mérite de pouvoir reconsidérer la relation fraternelle qui unit certains d'entre nous. Si bien que ce qu'on retiendra finalement de Brothers, c'est cette expérience onirique riche d'enseignements, mais également teintée d'une mélancolie omniprésente. Si quelques situations positives sont néanmoins présentes et pleines de bons sentiments, le sentiment général que l'on retiendra après avoir fini le jeu sera fatalement teinté de tristesse. Les plus sensibles d'entre vous, et même les plus insensibles, pourront y laisser une larme après avoir accompli tant d'aventures.

Alors oui, Brothers nous aura donné une belle leçon au détour de ce récit que l'on oubliera pas de si tôt...



Croyez-moi, vous allez faire la même chose avec votre frère ou soeur après avoir fini le jeu !


Conclusion : En règle générale, les jeux possédant une très courte durée de vie sont difficilement pardonnés des testeurs et des joueurs. Pour autant, il faudra faire une exception avec Brothers. Ce jeu, aidé par une direction artistique très réussie et par un gameplay des plus originaux, laissera sans aucun doute un souvenir marquant à tous ceux qui l'auront essayé, ou à tout le moins aux âmes les plus sensibles d'entre vous.



Le trailer qui va égayer votre journée !

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