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Yohann L.

Rétro-critique #19 : Nightmare Busters (SNES)

Dernière mise à jour : 23 déc. 2022

Dans la vaste histoire du jeu vidéo, des jeux connaissent un succès phénoménal et une notoriété sans précédent parmi le public, alors que d'autres ne voient jamais le jour, la faute à un contexte peu favorable. Nightmare Busters aurait pu faire partie de cette deuxième catégorie : développé par le français Christophe Gayraud au sein du studio Arcade Zone, le jeu devait sortir en 1995 avec l'éditeur japonais Nichibutsu. Il ne verra finalement pas le jour en raison du déclin de la Super Nintendo à cette époque, poussant l'éditeur à refuser ses services. Le jeu resta donc dans les limbes du jeu vidéo, jusqu'à ce qu'un circuit imprimé du jeu soit vendu aux enchères et que la Rom de ce dernier soit mise à la disposition des joueurs.

Ainsi, l'éditeur Super Fighter Team a décidé d'acquérir les droits sur le jeu et de produire 600 cartouches du jeu afin d'offrir une seconde chance à Nightmare Busters.

Cette revanche sur le destin est-elle méritée ? Est-ce que le jeu aurait mieux fait de croupir dans les ténèbres de l'histoire du jeu vidéo ?


Who you gonna call ? Nightmare Busters !


L'histoire de Nightmare Busters prend place dans un monde où le maléfique Tyrant a réussi à trouver un moyen pour s'introduire dans les rêves de chacun (à l’instar d’un certain Freddy Krueger!). Il use surtout de son pouvoir pour terroriser les enfants durant leur sommeil par le biais de cauchemars, rien que pour satisfaire ses désirs les plus obscurs et se s'assurer un divertissement pour le moins tordu. Face à cette menace, deux leprechauns répondant du nom de Flynn et Floyd décident de mettre à mal les sombres desseins de Tyrant et de mettre fin à son règne tyrannique sur les rêves, en s’y introduisant eux-mêmes afin de détruire les créatures maléfiques qui sont venus s'y infiltrer.


Le scénario du jeu est donc bien plaisant, à ceci près qu'il n'est absolument pas narré dans le jeu par le biais de textes ou de cut-scenes. On a juste droit à quelques images fixes entre certains niveaux sans qu'il n'y ait plus d'indications que cela par des présentations textuelles, que ce soit au début ou à la fin du jeu. Il a donc fallu se renseigner sur le net pour les besoins de ce paragraphe !

Il est toutefois fort dommage qu'il n'y ait pas eu de mise en scène lorsque l'on voit cet univers plaisant dans lequel le jeu cherche à nous faire plonger. Malheureusement donc, on ne pourra pas développer davantage à propos du scénario et de l'univers en général.




Des atouts dans ses manches


Une fois le jeu commencé, les hostilités entre nos leprechauns et les hordes d'ennemis vont pouvoir commencer. Les ennemis apparaissent en nombre assez conséquent sur les différents niveaux du jeu. Cela s'explique par le genre de jeu qu'est Nightmare Busters, qui est ce qu'on appelle typiquement un run and gun dans le milieu vidéoludique. Pour ceux qui n'arrivent pas à s'imaginer le concept, prenez des jeux comme Metal Slug ou Contra qui sont des jeux d'action proposant un rythme effréné à base d'ennemis se jetant sur vous à la pelle, et vous aurez un aperçu de ce qu'est Nightmare Busters : un jeu d'action au tempo soutenu qui vous laissera très peu de temps de répit. A vous donc d'être suffisamment prudent et efficace pour pouvoir vous défaire de ces hordes de créatures.


Mais nos leprechauns ne sont pas en reste face à cette monstrueuse armée. Nos compères commencent le jeu avec une attaque de base sous la forme de cartes à jouer en nombre illimité. Pour autant, le jeu vous proposera d'essayer d'autres armes qu'il vous faudra ramasser soit sur le chemin du niveau, soit en ouvrant des coffres. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il y a de la variété : des cartes enflammées aux boules d'énergies en passant par des projectiles tirant sur deux côtés à la fois, l'arsenal des leprechauns est suffisamment vaste pour venir à bout de vos opposants.

Chaque attaque a évidemment ses propres avantages et inconvénients. Par exemple, les cartes enflammées ont une cadence de tir bien plus rapide, mais les boules d'énergie se révéleront bien plus puissantes. Parmi cette diversité de power-ups, vous y trouverez facilement votre compte selon votre façon de jouer.


Votre personnage pourra tirer dans toutes les directions souhaitées, en sachant que le tir vers le bas n'est possible qu'après avoir sauté. Il est également possible d'exécuter une glissade en appuyant sur la touche bas et le bouton de saut afin d'éviter certains obstacles, mais qui se révélera impuissante face aux ennemis car elle ne leur inflige aucun dégât.

En plus de cela, vous disposez de plusieurs « dashs » en quantité plus ou moins limitée selon le mode de difficulté que vous avez choisi. Ce mouvement vous permet de vous propulser dans une direction précise afin d'infliger d'importants dégâts à vos adversaires ou même esquiver certains obstacles et dangers. L'inconvénient de cette attaque est qu'il faudra charger votre énergie façon Super Saiyen avant de pouvoir lancer votre attaque, ce qui vous rend vulnérable durant quelques secondes.



Vous avez également à votre disposition trois types de sorts spéciaux que vous pouvez choisir en appuyant sur les bouton L et R et que vous pouvez lancer en appuyant sur la touche A : une explosion vers l'avant, une tornade qui balayera tous les ennemis du tableau, et un disque magique ayant à peu près le même effet que la tornade, si ce n'est qu'il vole dans tous les sens. Ces sorts sont très puissants et efficaces contre tout type d'ennemi mais sont disponibles qu'en quantité limitée, ils sont donc à utiliser avec parcimonie, quand bien même vous pouvez en récolter durant les niveaux.


Le soft se prend plutôt bien en main puisque les possibilités d'annihiler vos ennemis sont nombreuses, d'autant plus que votre personnage se dirige plutôt bien et est assez réactif. Mais il faut quand même admettre que celui-ci est un tantinet lent, ce qui peut poser quelques problèmes lorsque vous devez réagir en conséquence face à un piège, obstacle ou ennemi qui vient juste d’apparaître devant vous.


L'aventure peut se jouer aussi bien en solo qu'à deux joueurs. L'expérience n'en sera que plus plaisante si la coordination entre les deux joueurs est bien présente. Il est vrai qu'avoir un compère humain en plus n'est pas de refus en vue de finir à bout des hordes d'ennemis qui se présentent à vous, mais cela implique d'être encore plus réactif vu que les chances de se faire toucher sont multipliées. Il est toutefois dommage que lorsque l'on joue à deux, on a aucune indication quant aux nombre de crédits qu'il reste si bien que l'on peut se faire surprendre quand on ne peut plus respawn sans le savoir. Une indication sur le nombre de continues restant n'aurait pas donc été de refus.


Un rendu artistique qui laisse... rêveur !


Pour ce qui est des graphismes, on peut dire que le résultat est vraiment bluffant. Il s'avère en effet que le soft est beau, voire très beau. La direction artistique se veut assez sombre et glauque, et est très bien réalisé en ce qu’elle mêle habilement diverses influences regroupant entre autres Alice aux Pays des Merveilles, les contes des frères Grimm et le folklore irlandais. Au niveau de la technique, c’est également irréprochable : les sprites des décors et des personnages sont très propres, l'animation est au top et ne faiblit d'aucun ralentissement notable même si l'écran est surchargé d'ennemis ou d'effets en tous genres : éboulements, incendies explosions... tout s'enchaîne superbement et sans aléa.

En bref, on a sûrement droit à l'un des plus beaux jeux de la Super Nintendo, rien que ça, vu comment Nightmare Busters réussit à nous offrir un rendu technique et artistique merveilleux.




La bande-son n'est pas en reste, puisque les différents thèmes musicaux sont franchement réussis, variés et collent très bien à l'univers et les situations proposées par le soft. Elle est donc très plaisante à écouter et s'avère à la hauteur des graphismes servis par le jeu. On peut par contre relever quelques ratés à propos des bruitages, le meilleur exemple étant le cri du second boss lorsqu'il se met à attaquer. Mais dans l'ensemble, ils restent néanmoins réussis et ne plombent pas l'ambiance du jeu de façon significative.

Ainsi, l'addition des graphismes et de la bande-son donne donc un résultat fort savoureux qui saura sans nul doute vous transporter dans l'atmosphère sombre et fantastique du jeu.


Une épopée réellement cauchemardesque !


Le soft vous propose de parcourir cinq stages proposant des situations assez variées et quatre boss de fin de niveau, puisque vers la fin de l'aventure le jeu se contente de faire revenir les trois boss déjà vaincus par le passé via un boss rush. La difficulté pour battre ces derniers montent de manière assez croissante et l'arsenal à votre disposition devrait suffire pour en venir à bout.


Et on pourrait se dire que cinq stages, c'est bien peu. C'était sans compter sur la difficulté littéralement cauchemardesque du jeu !

Comme cela a déjà été dit, les ennemis pleuvent de tous les fronts et ne laissent aucun répit, si bien qu'il n'est pas rare de se faire submerger, d'autant plus que certains ennemis ne mettent pas beaucoup de temps à se ruer sur vous ou à vous attaquer ou se placent même parfois dans des angles difficiles voire impossibles à atteindre. En plus de cela, les niveaux sont truffés de pièges en tous genres qui nous sanctionnent directement si on a pas pris la peine de les repérer à temps, ou tout simplement parce qu'on ne s'y attendait pas, ce qui donne un réel côté die and retry au soft.

Et puis cerise sur le gâteau, vous ne disposez que de deux barres de santé pour une vie, ainsi si vous prenez deux coups de quelque manière que ce soit, ce sera la perte de vie assurée, jusqu'à l'inéluctable Game Over. Certes, des potions de vie sont disséminées ici et là pour vous redonner une barre de vie et un peu d'espoir, mais entre les pièges à foison et les vagues incessantes d'ennemis, cet lueur d'espoir sera souvent bien brève et la dure réalité du jeu reviendra vous sanctionner de manière immédiate en vous retirant ces minuscules barres de vie à la vitesse de l'éclair.


Par conséquent, la durée de vie se retrouve prolongée par le challenge exigeant que propose Nightmare Busters, et ce même si vous prenez la difficulté la plus basse des trois, car cette dernière ne fait que modifier le nombre de sorts, de « dashs » et de vies que vous avez à votre disposition.

Ainsi, la difficulté s'avère intense et assez punitive, ce qui ravira les fans de challenges vidéoludiques corsés, mais pourra rebuter ceux qui ont les nerfs peu solides ou qui ne sont pas trop adeptes de ce genre de challenge. On peut se dire au final que cinq stages, c'est bien suffisant vu comment le soft semble prendre un malin plaisir à nous punir de toutes les manières possibles.

Pour autant, on peut s'habituer à cette difficulté ardue mais pas impossible et prendre du plaisir à arpenter les différents niveaux du jeu. Encore faut-il avoir éprouvé les différents niveaux à moult reprises afin de dénicher un piège que vous n'aviez pas détecté précédemment et pour améliorer votre technique sur le soft, si vous n'êtes pas d'ores et déjà frustré par cette difficulté.

Mais pour le coup, le jeu en vaut vraiment la chandelle et il serait dommage de passer à côté.





Conclusion


Par sa technique irréprochable sur le plan graphique, son gameplay assez efficace et son ambiance envoûtante à souhait, Nightmare Busters possède toutes les qualités pour s'imposer parmi l'un des meilleurs run and gun proposés sur la console 16-bits de Nintendo, même si sa difficulté assez ahurissante et rageante par moments risque de laisser un souvenir amer chez certains.

Profitez donc de la seconde chance offerte à ce jeu fantastique grâce à la Super Fighter Team !


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