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Yohann L.

Rétro-critique #14 : Far Cry 3 Blood Dragon

Qu'on se le dise : en découvrant le tout premier trailer du jeu un 1er avril 2013, la plupart ont pu penser que Far Cry 3 : Blood Dragon était un gigantesque poisson d'avril. Faut dire qu'on était peu habitué à des productions vidéoludiques proposant un délire décomplexé qui sent bon les années 80 et les grands nanars sortis durant cette époque. De plus, on était loin d’imaginer que les DLC et autres stand-alone issus de Far Cry allaient devenir monnaie courante. Même si ce poisson d'avril aurait été très réussi, les gars de chez Ubisoft Montreal étaient finalement très sérieux ! Allons donc voir ce que ces développeurs ont imaginé en allant piocher dans le meilleur mais aussi le pire des 80’s.




Retour vers le futur ?


Fini Jason Brody et ses potes qui voulaient passer de bonnes vacances sur une île pas si paradisiaque que ça, place maintenant à un tout autre univers.

Blood Dragon prend place au XX ème siècle, plus précisément en 2007. Vous incarnez Rex Power Colt, un cyber-commando Type IV envoyé sur une île mystérieuse pour aller avec votre compère T.T "Spider" Brown pour aller dézinguer les soldats de l'Omega Force menaçant le monde avec un grand, gros méchant missile.

Seulement voilà, vous découvrez au passage que le colonel Sloan, avec qui vous pensiez être allié, est à la tête de cette Omega Force et compte en finir avec les (néo) communistes en tirant des missiles contenant du sang de dragon qui améliore les capacités des cyber-commandos et autres cyborgs, mais qui régressent les capacités des humains organiques. Ce complot mis au grand jour, vous vous alliez avec le Dr Darling, qui travaillait contre son gré avec Sloan, dans l'espoir d'arrêter ce plan machiavélique.


Autant l'avouer, le scénario est très (trop ?) classique, mais ce n'est que le commencement d'un grand délire façon années 80 totalement assumé par l'équipe de développement d'Ubisoft Montreal, multipliant par ailleurs les références aux « œuvres » cinématographiques du genre tels que Terminator, Robocop ou Rocky. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils nous mettent rapidement dans l'ambiance avec une cinématique d'introduction très kitsch, saupoudrée de quelques répliques cinglantes et lourdingues servi par une VF ou une VO bien dans le ton, suivie d'une attaque à la Gatling depuis votre hélicoptère tout en écoutant le titre "Long Tall Sally" de Little Richards. Sans oublier un didacticiel très caricatural qui vous apprendra notamment à appuyer sur la touche de saut pour vous déplacer dans un axe Z sans toucher le sol. Et quand on se dit que c'est juste l'introduction, on est curieux de savoir que ce le jeu nous réserve par la suite ! D'entrée de jeu, le soft ne fait pas dans la finesse et se veut parodique au possible, ce qui risque d'en rebuter certains qui ne seraient pas réceptifs à ce type d'humour et d'ambiance peu subtil. Et ce grand délire proposé dès l'introduction ne cessera de monter en puissance jusqu'au final qui explose aussi bien au sens propre qu'au sens figuré !


Une entrée en matière digne de Michael Bay !


"Bienvenue au club, mec"


Après cette introduction survoltée et un didacticiel nous trollant allègrement, faisons un premier constat.


Ce qui est frappant au premier abord, c'est l'ambiance du jeu : de la jungle hostile et luxuriante proposée par Far Cry 3, on passe à quelque chose de plus sombre, au sens premier du terme.. Bienvenue dans un monde où la nuit est éternelle, les néons et lumières flashy omniprésents façon boîte de nuit rétro, avec ses gratte-ciels et structures imposantes, le tout sous un filtre VHS qui évoque clairement les productions modestes des 80’s.

Le moteur graphique reste le même que pour Far Cry 3, mais l’ambiance contraste radicalement avec ce dernier. L’univers de Blood Dragon a le mérite de créer une véritable identité au jeu et réussit à nous plonger dans le grand délire rétro proposé par Ubisoft Montreal. Identité qui est d'autant plus accentuée par l'excellente bande originale composée par Powerglove (rien avec voir avec l'accessoire sur NES) qui nous embarque dans une OST aux colorations synthwave très réussie et qui colle parfaitement bien à l'univers du titre.

Cependant, le parti-pris des développeurs rend certainement le jeu bien plus clivant en ce qui concerne la direction artistique et le design général des décors. De plus, la variété y est un peu moins présente, et le tout reste relativement uniformisé. Mais à ce niveau, on retrouve tout le charme des ambiances inspirées des films d’actions 80’s, ce qui pourrait grandement plaire à certains joueurs.



Rex Power lâché dans une autre sorte de jungle



"Bla, bla, bla, tuer, bla, bla, bla..."


Une fois familiarisé avec l'univers et l'ambiance du jeu, le joueur ayant déjà joué à Far Cry 3 trouvera vite ses repères, puisque dans l'absolu rien ou presque n'a changé au niveau des mécaniques de jeu. Reste à nuancer ces propos en remarquant d'abord que le joueur n'a plus le choix d'attribuer une capacité à chaque niveau. Vous obtenez en effet directement une nouvelle compétence sans que vous n’ayez à choisir celle que vous voulez apprendre, ce qui vous oblige souvent à regarder le menu Pause pour savoir où vous en êtes avec vos capacités.

Autre grande différence avec Far Cry 3, Blood Dragon nous propose d'incarner un cyber-commando. Ce n’est peut-être qu’un détail pour vous, mais dans le jeu ça signifie beaucoup. Notre soldat américain bien badass ne craint absolument rien : au revoir les dégâts de chute, ainsi que la noyade grâce avec vos cyber-poumons qui vous permettent de respirer comme un poisson dans l'eau. Avec ou sans gilet pare-balles, vous êtes quand même bien plus résistant que Jason Brody, votre détente a de quoi rendre jaloux le Michael Jordan de ses meilleures années, et enfin votre vitesse de course coiffe au poteau Usain Bolt !

En bref, votre personnage est bien plus léthal, ce qui rend les passages d’infiltration bien moins nécessaires. Au contraire, le level design prend un certain plaisir à vous suggérer de foncer dans le tas, même si certains passages vous donneront un peu plus de fil à retordre que les autres.

Le jeu propose aussi un peu moins d'armes à personnaliser, mais les améliorations restent plus que redoutables. Il faudra simplement remplir certaines conditions pour obtenir balles explosives ou un quadruple canon !

Remarquons également que la map proposée par Blood Dragon est évidemment moins grande, étant donné que le jeu n'a sûrement pas la même ambition que Far Cry 3. Mais on y retrouve tout ce qui fait le sel des mondes ouverts de Far Cry. Ainsi, vous aurez quand même du temps (et des gens) à tuer en partant à la chasse d'objets comme des télés cathodiques, des VHS, les notes du Dr Carlyle nous racontant ses péripéties amoureuses avec le Dr Darling. La faune y est également hostile, et vous pourrez chasser des cyber-panthères, des cyber-requins et surtout des dragons de sang à néons qui tirent des rayons lasers avec leurs yeux ! Vous avez aussi des bases ennemies à capturer qui vous proposeront des missions secondaires une fois libérées.


Par conséquent, le jeu se finit assez rapidement malgré les quêtes annexes, mais propose tout de même une durée de vie satisfaisante pour un soft dématérialisé vendu pour 15 euros. Mais la quasi surpuissance du héros fait que le jeu ne propose pas un grand challenge, et ça passe encore plus vite si on adhère de bout en bout à l'expérience façon eighties offerte par les développeurs.



Jurassic Park a bien changé !



Conclusion : Certains ne verront qu'en Blood Dragon une pâle copie de Far Cry 3 à l'ambiance ringarde; mais on peut dire qu'Ubisoft Montreal a réussi son coup en proposant un jeu bien barré et qui a le mérite d’assumer son délire jusqu’au bout. Et on peut les féliciter pour avoir réussi à donner un charme et un intérêt propre à ce stand-alone, tout en assumant jusqu'au bout leur démarche. Le jeu s'adresse donc ainsi aux fans d'une ambiance décomplexée et nanardesque qu'on aurait pu trouver dans certaines productions des années 80, mais les autres pourront y voir un FPS sympathique et sans prise de tête agréable à jouer, si l'ambiance synthwave ne les a pas rebutés.


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